L'Effet Miroir
Sur le chemin de la connaissance de soi, nous sommes amenés à prendre conscience, que nous refoulons, depuis notre naissance, de larges aspects de nous-même pour pouvoir plaire à nos éducateurs, pour être aimé, par peur d’être abandonné ou encore par besoin de reconnaissance.
Nous nous créons ainsi un « moi social » acceptable, appelé « persona » par Carl Gustav Jung (médecin, psychiatre, psychologue. Penseur influent et fondateur du courant de la psychologie analytique) tout en refoulant ce qui est inacceptable appelé « l’ombre ».
« L’ombre », concept élaboré par C.G.Jung, représente la somme des domaines du réel que l’homme ne veut pas voir ni reconnaître en lui-même et qui lui sont, de ce fait, inconscients. Les manifestations de l’ombre sont projetées par l’homme sur le monde extérieur où elles prennent la forme du « mal ». Cette projection lui évite de voir que la source de ce mal est en lui, ce qui l’effraierait trop. » (Dethlefsen, 2006)
Ainsi naissent nos « valeurs », nos préjugés, nos penchants, notre système de croyances.
Pour autant, les aspects réprimés restent tapis dans l’ombre et à force de déni et de refoulement risquent à tout moment de faire irruption parfois très bruyamment.
Sur ce chemin vers « soi », nous sommes invités à travailler sur nos ombres pour une prise de conscience profonde et un retour à l’équilibre.
Il va sans dire que c’est long processus, souvent difficile tant il demande de remises en question et d’honnêteté personnelle.
Ce parcours est facilité si l’on accepte une démarche thérapeutique avec un thérapeute aguerri.
Notre ombre se manifeste dans notre vie par des projections dans le monde extérieur : Au travers de nos rencontres avec les autres et d’évènements qui vont nous toucher.
Cette projection est aussi appelé l’effet miroir par certains auteurs.
De la théorie...
Pour faciliter la compréhension de ce concept, vous avez besoin dans un premier temps, d’enlever tout jugement, toute émotion, toute morale.
Se baser uniquement sur les faits, de manière la plus neutre possible (et c’est là que ça pèche en général !!)
L’élément important ici est la présence d’une RÉACTION de notre part.
Parmi la masse d’informations, d’événements, de personnes rencontrées dans une vie, nous allons prêter attention à certaines choses, à certaines personnes, et pas à d’autres.
Pour être interpellé (et donc réagir), Il est nécessaire qu’il y ait « affinité » entre nous et la personne, l’objet ou l’évènement, source de notre réaction.
Nous ne pouvons entrer en contact et réagir qu’avec les idées, les personnes et les situations qui sont en résonance avec nous-même.
Il faut un point de rencontre, un point de contact, un point commun.
Si cette personne en face de moi ne reflétait pas un aspect de moi-même, je ne la verrais même pas ou son comportement ne m’affecterait pas.
D’ou le concept d’effet miroir qui stipule donc que tout ce qui est remarqué chez les autres n’est qu’un reflet de celui qui regarde.
Une qualité remarquée ou admirée chez quelqu’un est une composante de « l’ombre blanche », généralement partie de nous en laquelle nous n’osons croire ou que nous réprimons à exprimer. Jusque-là le principe est acceptable.
Mais lorsqu’une attitude chez l’autre est perçue comme désagréable, difficile à supporter jusqu’à être odieuse ou intolérable, il y a, là aussi, résonance.
C’est alors notre « ombre noire » qui se présente.
Comment puis-je accepter que cette personne insupportable en face de moi puisse être un reflet de moi-même ? Elle est tellement méchante et exécrable !
C’est difficile à accepter, puisqu’il s’agit justement d’une projection mise en place avec un jugement et une répulsion de notre part.
En les projetant sur l’autre, nous sommes obligés de voir, de rencontrer, les côtés « mal aimés » de nous-même, non conscientisés. Ces facettes que nous avons enfouis et rejetés cherchent à se faire reconnaître.
...a la pratique
Deux possibilités s’offrent à nous :
Rejeter ce miroir et retourner bien au chaud dans notre carapace, défendre nos fonctionnements habituels,
ou bien utiliser cet outil comme une opportunité offerte de nous découvrir honnêtement et avec bienveillance.
Prendre conscience, par ce biais, de nos conditionnements et nos complexes et voir comment ils nous possèdent, nous oppriment, nous manipulent à notre insu.
C’est aussi un formidable moyen d’identifier nos manques, nos besoins, nos résistances.
A nous ensuite d’y remédier si cela ne nous convient plus.
En acceptant de regarder les situations en face, de se remettre en question, sans honte, sans jugement, ce qui est déjà un accomplissement en soi, nous accédons à une véritable rencontre avec nous-même.
Et plutôt que de nourrir inlassablement une image idéale de nous-même, nous reconnaitre en tant qu’être humain, avec ses limites et ses faiblesses.
Pas à pas, nous participons activement à notre évolution et développons notre conscience d’Etre.
Pour ma part, j’ai souffert du caractère très difficile d’une collègue de bureau pendant plusieurs années. Elle me renvoyait à ma propre intolérance et intransigeance vis-à-vis de moi et de mon entourage. Le travail sur moi que j’ai accepté de faire m’a entraîné dans une remise en question totale personnelle et vers un changement de métier. Aujourd’hui, je ne peux que la remercier d’avoir joué le rôle de la goutte d’eau qui a fait déborder le vase…
Quelque temps plus tard, J’ai rencontré une femme ayant des capacités et une vision de la vie peu commune. Elle est devenue mon guide pendant plusieurs années. Elle me répètait que les qualités que je voyais en elle sont en chacun de nous et qu’il suffit de les faire éclore. Elle m’a aidée à développer la confiance en moi et appris à porter un regard bienveillant sur toutes choses. Elle me renvoyait cette assurance en la lumière présente en chaque être.
Pour illustrer d’autres projections, voici quelques exemples:
Si vous ne supportez pas la critique et le jugement, n’êtes-vous pas dans la critique et le jugement de vous-même ?
Si vous subissez de l’agressivité de la part de quelqu’un, cela ne vous renvoie-t-il pas à votre propre maltraitance ?
Si vous trouvez exaspérante l’attitude de votre ami qui n’arrive pas à prendre une décision et à s’y tenir, n’êtes-vous pas vous-même aux prises avec des doutes quant à la marche à suivre dans certains aspects de votre vie ?
Cela peut aussi être un appel à trouver l’équilibre entre deux extrêmes.
Je peux prendre l’exemple une personne de mon entourage qui, même malgré elle, a pour habitude de faire les choses à la dernière minute. Je suis de mon côté quelqu’un qui essaie de prévoir tout à l’avance. Quelle difficulté à contenir mon énervement lorsque nous devons préparer quelque chose ensemble! Nous avons simplement à travailler toutes les deux le « juste à temps », sans précipitation, sans peur, sans stress.
Est-il possible de se soustraire à ces leçons de vie ? A chacun de répondre à cette question.
Si les conflits ne sont pas « utilisés » pour des prises de conscience, les heurts se répètent inlassablement et entraînent des situations toujours plus exacerbées.
Il est parfois surprenant de constater la similarité de certains évènements dans une vie.
Après avoir réussi à se débarrasser d’une relation difficile et bien qu’ayant changé de travail, nous nous retrouvons à nouveau à côtoyer dans notre quotidien un voisin invivable.
Ce n’est plus les mêmes conditions ni les mêmes raisons exactement mais le vécu et le ressenti sont semblables : c’est une situation difficile à supporter et le stress est là.
« C’est comme une force vitale qui nous pousse à évoluer, à nous extraire de cette condition animale en lutte pour sa propre survie. Nous attirons à nous toujours les mêmes situations, jusqu’à ce qu’elles deviennent insupportables, pour nous donner une chance d’enfin acquérir la compétence qui nous permettra de satisfaire nos besoins de manière adaptée, et plus de manière névrotique » (Crèvecœur, 2004)
Ces évènements répétitifs nous donnent l’opportunité de nous entraîner pour grandir et guérir des faces entières de nous-même.
Le miroir des relations est toujours là et nous permet, jour après jour, de réussir à voir et à comprendre tout ce qui nous avait été impossible de discerner jusque-là.
Nous avons ainsi l’opportunité de résoudre les situations conflictuelles tout en nourrissant la bienveillance envers soi.
Quant à l’influence sur nos relations, il est surprenant d’observer l’évolution d’une relation conflictuelle lorsque l’enseignement ci-dessus est conscientisé, utilisé et intégré.
D’insupportable, la relation avec l’autre devient désagréable puis pacifiée et neutre.
Il est même possible d’éprouver de la compassion pour la personne après avoir compris les mécanismes qui amenaient de part et d’autre à réagir de la sorte !
Pour vous familiariser avec cet outil, vous pouvez commencer par un exercice simple:
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